Pays d'aucun mal
Moh-Ammar Amnar, le narrateur, est seul. La nuit est sombre et le moindre souvenir lui est tourment. Il dit qu'il revient de loin, chargé de toutes les fatigues du monde et de toute une errance éperdue. Qu'a-t-il donc à dire, qu'a-t-il à se dire après tant d'années d'absence? Le voilà enfin chez lui, à Tasta-Guilef, son village natal. Beaucoup de ceux qu'il avait laissés autrefois habitent maintenant leur dernière demeure, ou sont partis. Beaucoup de choses ont changé. Quelques vies, souvent anciennes et silencieuses, se débattent encore dans les entrailles de cette terre perdue qui n'est pas sans rappeler l'Algérie profonde et qui semble toujours gouvernée par une présence lointaine, une apparition anonyme et obscure comme un mauvais songe, comme un gros nuage venu du grand passé. Avec très peu, devant un comble de pauvreté et de dénuement, là où la parole s'épanouit dans le frêle bruit du silence, là où tout s'achève avant même le commencement, l'auteur fait ressurgir mille et une histoires, les racontant sur un ton extrêmement émouvant, sans décorum ni fioriture, et c'est une œuvre de prodige que d'avoir pu tirer du néant un texte si beau.
Par El-Mahdi Acherchour
2008 / 94 pages
ISBN 978-2848400969